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  • La présente édition des Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO s’inscrit dans un contexte où les prix de référence mondiaux de la plupart des produits agricoles considérés atteignent ou dépassent les niveaux record antérieurs, du moins en termes nominaux. Si certaines des causes sous-jacentes ont un caractère ponctuel, il y a tout lieu d’ajouter désormais des facteurs permanents qui vont contribuer à maintenir les prix à des niveaux plus élevés en moyenne que dans le passé (graphique 1.1).

  • Les prix mondiaux du maïs, du blé et des oléagineux ont presque doublé en terme nominaux entre les campagnes 2005 et 2007 (graphique 2.1) et poursuivent leur envolée en ce début d’année 2008, rivalisant avec les hausses successives des prix du pétrole dans l’attention que leur prêtent les médias et les politiques. Cette évolution a conduit à une prise de conscience plus profonde et à un renforcement justifié des préoccupations autour de la sécurité alimentaire et de la faim, en particulier dans les pays en développement où l’accessibilité des denrées alimentaires à des prix raisonnables est précaire.

  • L’activité économique est aujourd’hui en perte de vitesse, et il se pourrait que les États-Unis, première puissance économique mondiale, sombrent dans la récession en 2008. Ce ralentissement, également observé ailleurs dans la zone OCDE, contraste avec le maintien d’une conjoncture plutôt bonne dans d’autres parties du monde. L’une des causes tient au resserrement général du crédit, dont les effets se sont récemment fait sentir sur les marchés financiers et les actions dans tous les pays. Toutefois, le choc s’est produit sur fond de performances économiques solides, qui en ont quelque peu atténué l’impact. Le coup de froid sur les marchés de l’immobilier, autre cause sous-jacente, est appelé à écorner les actifs des consommateurs et à confirmer le ralentissement de la croissance. Aux risques d’évolution à la baisse s’ajoute le fait que les turbulences financières amorcées durant l’été 2007 ne sont pas encore terminées, si bien que les retombées finales sur l’économie réelle restent encore difficiles à évaluer. Parallèlement, les hausses de prix du pétrole, des produits alimentaires et autres produits de base ont fait monter les taux d’inflation globale dans bon nombre de pays, en érodant le pouvoir d’achat et la demande des consommateurs, dont dépend la croissance dans beaucoup d’économies de l’OCDE.

  • Les prix élevés de l’énergie et les préoccupations croissantes relatives au réchauffement planétaire comptent parmi les facteurs qui ont amené l’opinion publique à s’intéresser davantage aux énergies en général. Au nombre de celles-ci, les biocarburants, qui sont des carburants liquides produits à partir de la biomasse, bénéficient d’une attention particulière: les techniques de production basées sur des produits agricoles contenant de l’amidon, du sucre ou de l’huile (comme les céréales, la canne à sucre et les graines oléagineuses) sont assez simples à mettre en oeuvre et les carburants ainsi obtenus – l’éthanol et le biodiesel – peuvent être utilisés dans des moteurs à combustion classiques sans nécessiter de modification ou moyennant quelques légères adaptations.

  • Malgré une augmentation de la production mondiale de céréales en 2007, la situation mondiale de l’offre et de la demande céréalière est restée tendue tout au long de la campagne de commercialisation. L’essentiel de cette augmentation tient à une récolte record de maïs aux États-Unis, qui a dopé la production mondiale de céréales secondaires. La production de blé a aussi augmenté par rapport à l’année précédente, mais moins que prévu en raison de conditions météorologiques défavorables dans certaines régions du monde, notamment des sécheresses qui ont frappé l’est de l’Europe et l’Australie.

  • La hausse des prix des graines oléagineuses, des huiles végétales et des tourteaux d’oléagineux, qui avait commencé en 2005 et s’était amplifiée en 2006, s’est poursuivie en 2007 avec la même vigueur. Durant l’année 2006, les prix de la filière oléagineux ont commencé à subir l’influence de facteurs externes : ils se sont mis à grimper malgré l’abondance de l’offre et malgré le haut niveau des stocks mondiaux, tant en termes absolus que par rapport à la consommation totale. Cette hausse des prix a eu pour origine la situation tendue du marché mondial des autres céréales fourragères : l’envolée sans précédent des prix du maïs a incité à réduire les superficies consacrées à la production d’oléagineux, faisant ainsi monter les prix des graines et des tourteaux d’oléagineux.

  • Au début de la période de prévision, les fondamentaux du marché mondial du sucre sont maussades. Des excédents quasi inégalés ont engorgé l’économie sucrière mondiale en 2006-07, une situation qui devrait se reproduire en 2007-08, puisque la production record de sucre continue de surpasser la croissance plus régulière de la consommation mondiale. Ces excédents ont occasionné une baisse brutale des prix mondiaux du sucre en 2006-07, la constitution de stocks de clôture mondiaux, une augmentation du ratio stocks/consommation, approchant les 53 %, ainsi qu’un excédent commercial. Malgré cette surabondance, les prix mondiaux du sucre ont connu une reprise fin 2007 avant de s’infléchir, traduisant l’évolution du sentiment des marchés et de la dynamique des prix.

  • En 2007, les marchés agricoles se sont caractérisés par des prix exceptionnellement élevés ; les prix des céréales ont atteint des niveaux records, et ceux de nombreux produits laitiers ont largement dépassé leurs niveaux historiques. À la différence de ces marchés, la plupart des marchés du bétail et de la viande n’ont pas connu de hausses comparables des prix. La conjugaison des prix élevés de l’alimentation du bétail et des prix relativement bas de la viande a eu un impact globalement négatif sur les marges bénéficiaires des producteurs de viande.

  • Comme il a été souligné dans les éditions récentes de ce rapport, les principaux facteurs déterminant l’évolution à moyen terme du secteur laitier mondial sont la forte croissance de la demande, principalement dans les pays en développement, conjuguée à la restriction de l’offre en provenance des exportateurs traditionnels de l’OCDE. Les principaux éléments qui influencent la demande dans les pays en développement sont une croissance démographique soutenue, l’urbanisation galopante et une hausse des revenus par habitant supérieure à celle observée au cours des décennies précédentes. Bien que la consommation de lait et de produits laitiers varie fortement selon les pays et les cultures, elle est en hausse dans presque tous les pays de l’OCDE et présente les taux de croissance les plus élevés parmi les produits alimentaires issus de l ’agriculture.

  • Cette section apporte des informations sur les aspects méthodologiques de l’établissement des Perspectives agricoles présentées ici, qui sont traités successivement comme suit. Est tout d’abord donnée une description générale des projections de référence, ainsi que du rapport sur les Perspectives agricoles. La structuration, en un ensemble cohérent, des hypothèses faites pour les projections macroéconomiques est ensuite analysée plus en détail. Enfin, une troisième partie présente un élément important d’amélioration dans la modélisation dans l’établissement de ces Perspectives, en l’occurrence la représentation des coûts de production dans les équations d’offre du modèle.